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comme d’un manteau somptueux. Elles recouvraient aussi les abords de la cheminée et gênant le passage de l’air elles diminuaient la vigueur de notre feu. Mon père, à l’aide d’une échelle, a dû monter sur le toit et procéder à un nettoyage minutieux.

Moi, m’aidant d’un gros bâton au dos fourchu, j’ai balayé le petit sentier familier par lequel j’aime à m’avancer dans la forêt secrète. J’enfonçais jusqu’à la cheville dans cette épaisseur humide et mes pieds en devenaient tout transis. J’ai employé mon après-midi à ce balayage inaccoutumé.

Au bout de ce sentier se trouve une sorte de clairière où une grotte mystérieuse se découvre au cœur d’un vieux tronc habillé de mousse. C’est là que je vois souvent une apparition charmante. Un bel écureuil gris argent, assis sur son petit derrière, me regarde amicalement en croquant une noisette. Aujourd’hui il n’est pas venu. A-t-il cherché ailleurs son gîte pour l’hiver ? Le reverrai-je l’an prochain ? Mystère !

7 novembre. — Le ciel est sombre et les bois sont mélancoliques. Le vent glacial nous cingle la peau comme un fouet. La brise est violente. Toute la forêt semble être secouée de frissons.