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chers sans cloches ? Ils peuvent élever mon esprit loin de la terre puisque leur front auguste est sans cesse tourné vers Dieu. Il est impossible de ne pas être ennobli par la splendeur et la majesté des forêts.

Que de vie, que de beauté, que de richesse on y découvre !

Quand on regarde ces herbes hautes et touffues, ces floraisons éclatantes, ces fougères aux broderies si fines qu’on les dirait faites par des esprits, ces mousses vertes, ces dentelles d’argent, ces branches ployant sous leur poids magnifique, toute cette exubérance splendide et capricieuse, peut-on s’empêcher de rendre grâce au divin artiste qui nous en a fait le don miséricordieux ?

11 novembre. — Mon père qui s’est blessé avec sa hache ne prend pas de mieux. Il languit dans une chaise avec la jambe enveloppée de longues lisières de toile blanche. Cette plaie, que ma mère soigne avec de l’onguent des magasins, le fait parfois beaucoup souffrir. Ce qui le fatigue le plus c’est de ne pouvoir agir, lui qui a toutes les vaillances, toutes les audaces, toutes les énergies. Nous sommes très attristés de cette situation, car nous voyons