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son lait et me ranimait de son haleine, tandis que les humains, mes frères, ne me donnaient ni une parcelle de feu, ni une bouchée de pain. Elle est ce que j’ai de plus cher et de plus précieux. Ne nous séparez pas ! Ne nous séparez pas ! » Et ses gémissements éveillaient les échos célestes.

Alors Notre-Seigneur survint, et il dit à saint Pierre : — « C’est Noël, c’est la joie sur la terre et dans les cieux. Paix à tous les hommes et à toutes les bêtes ! Il serait cruel de séparer ces deux êtres. Laissez entrer la vieille et sa compagne en reconnaissance des services que les animaux rendent à l’humanité… Dans l’étable de Bethléem, n’étais-je pas heureux de trouver l’âne et le bœuf qui me réchauffaient de leur souffle ? Et n’est-ce pas sur le dos d’un mulet docile que Joseph et la Vierge, ma mère, s’enfuirent pour me ravir aux fureurs d’Hérode ? Oui, laissez-les entrer toutes deux. Elles voisineront avec saint Roch et son chien, ou avec saint François d’Assise et ses innombrables alouettes. »

Et c’est ainsi que la vieille Flavie entra avec sa vache au Paradis.