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Page:Lamontagne-Beauregard - Légendes gaspésiennes, 1927.djvu/104

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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

La mariée était là, au bout de la table, toute rose comme une rose des champs, et les cheveux blonds comme les blés… Joseph Blanchet la regarda longuement, avec une admiration farouche… Puis il fixa les yeux sur celui qu’il devait tuer… Il était là, à côté de Marthe, tout près, tout près d’elle, si près que son souffle tombait dans ses cheveux… Il bondit, prêt à s’élancer sur lui pour l’éteindre à la gorge… Mais, il se ressaisit. Cet homme était trop entouré pour qu’il lui fut possible de se rendre jusqu’à lui… On ne le laisserait pas passer, on l’arrêterait, et son affaire serait manquée… Non, le mieux c’était une balle, là, en plein dans le front. Il s’y connaissait dans la manière de tenir un fusil… Justement, dans cette fenêtre il serait bien d’aplomb. V’lan, le coup partirait, et l’homme serait déjà mort…

Il revint donc rapidement chez son père pour prendre le fusil accroché à une poutre. Il savait où étaient les boîtes à cartouches. Il reviendrait bien outillé, et ce ne serait pas long… Quand il poussa la porte, la maison était