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Page:Lamontagne-Beauregard - Légendes gaspésiennes, 1927.djvu/111

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LE DISPARU.

que les gens du peuple appellent : des femmes avenantes.

Son premier mari avait été rapporté noyé au cours de ce terrible automne où de nombreux naufrages s’étaient produits dans le Golfe de Gaspé et sur les deux rives du Saint-Laurent. Une violente tempête de vent et de neige s’était abattue sur la péninsule. Les barges de pêcheurs avaient été emportées comme des brins de paille, les bricks norvégiens, chargés de bois de fuseau, avaient été tramés au bout de leurs ancres, secoués, éventrés, démolis. Et l’on retrouvait ensuite les hommes d’équipage, morts et gelés sur la grève. Un d’entre eux, un jeune et robuste matelot, ayant réussi à gagner terre à la nage, succomba, hélas ! sur le seuil d’une maison où il devait enfin trouver du secours.

C’est dans ce terrible automne que Marie Lepage était devenu veuve. Son chagrin avait été immense. Son homme, parti pour la pêche le matin, n’était plus jamais revenu. La tempête s’était élevée, les barges avaient été renversées par des vagues semblables à