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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

de la Louise. Le père Levac n’était plus là ; le commerce avait changé de main. Comme il allait s’informer, il entendit une voix qui disait :

— « La Louise ? Elle est morte il y a deux ans, six mois après son père »… Ivon Lefrançois jeta un cri de douleur : « Morte ! Elle est morte ! » s’écria-t-il. Il tomba sur une chaise, la tête dans les mains, et son désespoir s’exhala en longs sanglots, qui ressemblaient au bruit du vent dans les cheminées… Sa plainte montait et descendait, comme la voix de l’ouragan qui hurle sur les falaises… Il se lamenta ainsi toute une nuit, errant sur la grève comme un fou…

Depuis, personne ne l’a revu. On crut qu’il s’était jeté à la mer. Et même, plusieurs vieux de ce temps-là affirment que l’on voyait parfois, sur le fleuve, par les soirs de brume, une étrange lumière… C’était l’âme du pauvre Ivon Lefrançois…