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LA DAME AUX CAPUCINES.

sant des grottes, dressant des tours mystérieuses… Et cette grange, vieille et délabrée, me semblait le château le plus merveilleux qu’aucune fée n’a jamais imaginé… Oh ! les clairs de lune dans la porte des granges, la senteur du foin nouveau et le mystère des fenils !…

Je fus bientôt grande, hélas ! et je fis, comme les autres, mes années de couvent. Puis ma chère grand-mère mourut. Cette mort me fit un mal affreux. Je me trouvai alors en face de la vie, à l’âge où l’avenir se dresse devant nous… J’étais à l’âge du mariage… Je rencontrai un jeune homme très bon (qui est aujourd’hui mon mari) et je l’aimai. Avec l’argent qu’il attendait de son père, il rêvait de devenir un marchand de la ville. Moi, je pensais aux enfants que nous aurions ; je leur voulais une enfance semblable à la mienne. Je me disais : « Ils joueront comme moi dans les granges et se feront des nids dans le foin embaumé ! Ils dénicheront les poules dans les greniers, et l’hiver, ils glisseront comme moi dans une traîne sauvage, au clair de la lune, sur de la belle neige toute