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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

qui surent beaucoup de choses sans avoir rien appris. Il savait tirer profit de tout. Nous possédions une belle terre toute défrichée, toute en cultures et en pacages ; notre grange était haute et profonde ; et notre maison, grande, jolie et joyeuse. Oh ! je l’ai encore là, dans mon souvenir, comme si c’était d’hier !… On ne l’apercevait pas du chemin. Une colline la cachait aux regards des passants ; mais quand on avait pris la montée, on se trouvait bientôt en face de quatre grands peupliers dont l’ombrage était immense. Au milieu de leur feuillage le toit pointait sa cheminée de pierre grise, et les fenêtres avaient l’air de sourire. D’un côté c’était le jardin, où les fleurs et les légumes se mêlaient à leur gré. De l’autre, c’étaient le fournil, le hangar, le four à pain et le puits… Oh ! non, mes enfants, ces choses-là çà ne s’oublie pas !…

On travaillait beaucoup chez nous, mais le travail en commun était une joie. De multiples travaux remplissaient nos journées. Mon père, mes frères et moi faisions les labours, les