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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

La douleur la plus grande emplit la maison. Notre mère et mes sœurs éclataient sans cesse en sanglots, et notre père, courbé dans sa chaise, ne pouvait s’empêcher de gémir. Vous ne pouvez imaginer de chagrin plus grand que le nôtre. Quand le matin des funérailles fut arrivé, qu’il fallut se séparer de la chère morte, nos pleurs et nos sanglots redoublèrent… Oh ! cette heure fut épouvantable !

Notre père avait décidé que la Noire serait celui de nos quatre chevaux qui mènerait le cercueil au cimetière. — « Ce sera leur dernière rencontre »… avait dit notre père, qui pleurait comme un enfant. Donc, le petit cercueil blanc recouvert d’une grosse gerbe des fleurs de notre jardin, fut apporté dans la grande voiture sur laquelle la Noire était attelée. Un soleil brillant éclairait ce matin de fin d’automne. Le grand vent froid avait fait place à une brise légère et tiède qui ranimait encore les feuilles jaunies et les parterres desséchés. Toute la nature semblait comprendre notre malheur. Les derniers oiseaux jetaient dans l’air des chants