LE FANTÔME.
’était un conteur intarissable
que ce bon père Martin.
Vieux type de marin de la côte
de Québec, le front large, la moustache
épaisse et rousse, l’œil petit, brillant
et profond, il avait la jambe solide
comme tous les habitués de la mer.
Ayant plusieurs fois traversé l’océan,
à bord de multiples vaisseaux, tantôt
matelot, tantôt capitaine, sa mémoire
était restée peuplée de légendes et de
récits fantastiques que la jeunesse écoutait
avec avidité. Il était un fin conteur,
à la verve inépuisable, à l’imagination
ardente, teintée de poésie. Liseur
enragé, il avait gardé de ses lectures
une tournure de phrase distinguée qui
faisait son charme et sa personnalité.
Fier de son succès, flatté des attentions
qu’on lui témoignait, cet aimable vieil-