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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

Ils s’étaient assis bien près l’un de l’autre, et se regardaient longuement, les yeux dans les yeux. Quand ils m’aperçurent, je leur souriai, — car j’aime à voir des amoureux. Ne sont-ils pas pour tous le plus beau souvenir ? Ne sont-ils pas du bonheur en marche ? — La jeune fille, craignant que je pense mal de leur rendez-vous, se mit à me raconter un peu leur histoire :

« — Vous savez, nous allons nous marier dans deux mois. Il est menuisier, moi je suis cuisinière, et je connais très bien aussi le métier de modiste. De ce temps-ci je couds par les soirs, et je ramasse de l’argent pour lui aider à acheter nos meubles. Il n’est pas riche, mais il est si bon, si vous saviez ! Il n’a pas de malice pour deux sous. Ma mère est opposée à notre mariage ; elle dit que je pourrais trouver un homme plus en moyens. C’est bien beau l’argent, n’est-ce-pas, mais l’amour vaut mieux… J’aime mieux la pauvreté avec celui que j’aime que la richesse avec celui que j’aime pas !… Quand on a du cœur et qu’on s’aime comme nous nous aimons, Madame, on vient