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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

tations, dans un isolement complet, car, en son âme jalouse, il aimait mieux que sa belle Marthe fut cachée aux regards des autres hommes et bien à l’abri de toute adulation… Un petit bois touffu masquait la montagne. De gros saules tortueux y poussaient leurs branches massives, étendues comme des bras protecteurs… C’est là qu’il élèverait sa maisonnette, toute blanche, avec un petit fournil à côté, et un jardinet où de jeunes pousses embaumeraient… Il voyait déjà se profiler sur le bleu du ciel la légère fumée de leur blanche maison… Et, de jour en jour, c’était pour lui un enchantement nouveau de préparer ainsi dans l’amour le bonheur de sa vie…

Or, un jour qu’il revenait dans sa voiture, transportant du bois équarri qu’il destinait à sa future demeure, il rencontra un ami qui s’empressa de lui apprendre une nouvelle terrible… — « Sais-tu, Jos, dit-il, que Marthe L’Heureux se marie la semaine prochaine avec un gros marchand de la paroisse de St-S ? Tu sais, mon cher, les jolies filles c’est comme les oiseaux rares : quand on les