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LA MOISSON NOUVELLE


Les champs fanés n’ont plus leurs blonds et lourds cheveux…
Les arbres dépouillés, innombrables squelettes,
Esquissent dans le ciel des gestes douloureux.
Sur les grèves on voit dormir les goélettes…
Dans Beaupré le vent siffle, intermittent et sec,
Lévis apparaît grise et Beauport parait noire ;
Mais, fardé comme un page, est notre vieux Québec,
Glorieux sur son promontoire !…

Les forêts d’alentour sont d’un ocre parfait :
Leur chevelure rousse a des lueurs châtaines ;
Le vent, qui s’y connaît en chevelure, y fait
Des puits divins et de lumineuses fontaines.
Et quand les doux moments du soir sont revenus,
Quand l’Amour, en secret, tend ses filets sans nombre,
On voit, par le sentier, sous les rameaux chenus,
Un couple s’éloigner, dans l’ombre…