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LA MOISSON NOUVELLE


À l’heure, où des côteaux, qui cessent de bruire,
Tièdes et réjouis du matinal sourire,
Disparaît le magique essaim des papillons,
Dont le vol semble fait de rêve et de rayons :
A l’heure où loin de nous s’enfuient les demoiselles,
À cette heure si tu crois posséder des ailes,
Pour franchir la lointaine rive et le vallon,
Et la blonde colline où souffle l’aquilon,
Si ta pensée ardente et ton âme légère
S’envolent au delà de la ville étrangère
Pour retrouver cet être entre tous préféré,
Celui dont chaque jour ton cœur est altéré ;
Si sans craindre la mort et sans peur des désastres,
Le soir, après avoir recontemplé les astres,
Après avoir, caché dans l’antre des roseaux,
Écouté longuement la chanson des oiseaux,
Tu voudrais dans l’amour dont ton âme s’inonde,
Endormir contre toi sa chère tête blonde,