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LA MOISSON NOUVELLE


Comme une digue que nul frein ne peut tenir,
Le monde envahira les grèves et les sentes ;
Et dans l’enchantement des forces grandissantes,
Chacun, repu d’air frais, se croira rajeunir.

Nous irons, ô mortels, affamés que nous sommes
De midis souriants et de matins heureux,
Attachant sur l’été nos regards langoureux,
Nous irons dans les champs, mornes troupeaux des hommes…

Nous irons, tourmentés d’infini, lourds d’émoi,
Brisés des souvenirs qui surgissent en foule,
Emportant le sanglot que la gorge refoule,
Et ce beau rêve mort que chacun porte en soi…