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Page:Lamontagne-Beauregard - La moisson nouvelle, 1926.djvu/64

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LA MOISSON NOUVELLE


II


Mais qu’à nos yeux ta gloire est futile, ô jeune homme,
Et que nous sommes loin de tout ce que l’on nomme
Héroïsme, vertu, bravoure, dignité !
Que notre ombre, ô Dollard, est loin de ta clarté !
Le monde, vil troupeau qu’une eau stagnante abreuve,
Ne voyant rien de grand qui l’attire ou l’émeuve,
Sceptique, et dévoré du feu de son désir,
S’élance éperdument vers l’ignoble plaisir !
Ce port majestueux, cette superbe ville
Que tu sauvas jadis de l’embuscade vile,
Où ton ombre sans doute a plané bien souvent,
Montréal n’est plus qu’un repaire où tout se vend,
Où le vice croupit dans des greniers immondes,
Où l’on voit — groupe sombre et troupes vagabondes —
Serrant leurs vils écus entre leurs poings maudits,
Dans les bouges joyeux ricaner les bandits !…