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UN CŒUR FIDÈLE

Une nuit, elle rêva que, sur leur terre, des multitudes de moutons paissaient, face au soleil couchant qui poudrait de rose leur blanche toison, tandis que là-bas, au haut du champ, un berger mystérieux lui souriait : il avait les traits de Jean Beaulieu.

Elle s’éveilla toute troublée et l’âme éblouie par un rayonnement qui ne s’effaça que peu à peu.

Les jours passaient un par un. Chaque soir, les troupeaux revenaient de la plaine et le soleil déclinait derrière la colline où l’oiseau jetait les dernières modulations de son chant. La jeune femme s’attardait à son rouet. Et quand Eusèbe Landry était de retour avec sa faucille sur l’épaule, il lui disait doucement : « Laisse donc ça, femme ; il y a belle lurette que le soleil est couché ! »…