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VISIONS GASPÉSIENNES


Ton perron qui remue à chaque pas qu’on fait,
Ta fournaise de brique où l’aïeul se chauffait,

La senteur de moisi qui reste dans tes salles,
Tes volets refermés, tes lits, tes vitres sales,

Tes coffres de noyer, ta huche de sapin,
Ta grande armoire rouge, où l’on mettait le pain,

Ta clôture de pieux, que la mousse rend noire,
Et ta cave, qui n’a plus rien à faire boire !…

Ô ma vieille maison, je veux, je veux chanter
Les rêves d’avenir que tu dus abriter,

Les couples, que tu vis sourire à ta fenêtre ;
Les baisers, qu’en tes coins, la tendresse fit naître ;

Les mots pourtant compris et jamais prononcés :
Les doigts qui se cherchaient et qui se sont pressés ;

Les regards innocents, la touchante promesse
Faite, les yeux baissés, au retour de la messe ;