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VISIONS GASPÉSIENNES


AUX OISEAUX


Sur nos toits encor froids et dans nos arbres nus,
En bande, ce matin, vous êtes revenus
Oiseaux ! Ah ! combien votre chanson nous est douce !
Oui, bâtissez vos nids bien chauds dans cette mousse
Pour mettre les petits qui doivent vous venir,
Pour vous aimer, joyeux, sans peur de l’avenir !
Car, pour durer, l’amour a besoin du silence…
Il faut que, loin des yeux, votre nid se balance,
À l’ombre des sapins et des grands marronniers,
Dans toutes les splendeurs des matins printaniers !
C’est pour vous que Dieu mit tant de douceurs aux branches.

C’est pour mieux abriter vos frêles têtes blanches
Qu’il dit aux arbres verts : « Penchez-vous en berceaux,
Soyez des bras de mère ! « Oui c’est pour vous, oiseaux !
Nous vous aimerons tant, vivez dans nos charmilles.
Égayez nos buissons, radieuses familles ;
Vous, que les jours nouveaux suffisent à charmer,
Montrez-nous, montrez-nous comment il faut aimer ?…
Auprès de ce qui part soyez ce qui demeure.
Soyez ce qui sourit auprès de ce qui pleure,
Et, sur nos ans flétris, sur nos ans soucieux
Mettez avec vos chants, un clair reflet des cieux !