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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

de ses forfaits, et traînant dans les fureurs, sa déplorable existence. Enfin il crut que le sol sanctifié de la Judée pourrait le purifier ; impatient d’arriver à Jérusalem, il traversa une seconde fois les Alpes. Le hasard, ou plutôt la justice céleste, qui ne dort jamais, le ramena, sans qu’il pût s’en douter, dans la maison qu’il souilla du sang de son ami : la nuit, qui avait couvert le globe lorsqu’il y arriva, ne lui permit point de reconnaître des lieux qu’il n’avait même point remarqués lors de son premier voyage. Il resta longtemps avec son hôte ; l’heure du repos sonna, il se retira dans sa chambre : il était alors onze heures ; le vent sifflait dans les longs corridors ; un hibou, perché sur une tour ruinée, faisait entendre un cri monotone et lugubre. Mainfroid se sentit effrayé ; une sueur froide, dont il ignorait la cause, le glaçait ; un confus ressouvenir vint le sur-