Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

trépas qui les menace tous. N’auras-tu donc, toi aussi, aucune pitié pour eux ? »

Aussitôt la salle, quoique vaste, se remplit d’une foule nombreuse de spectres de tout âge et de tout sexe : c’étaient les Guidi trépassés. Tous se présentèrent à la malheureuse Annunziata avec leur mine hâve et cadavéreuse. Des larmes brûlantes sortirent de leurs yeux éteints. Ils tendirent, en suppliant, leurs bras décharnés, vers la jeune fille, et semblèrent lui reprocher sa cruauté envers eux. Ce fut par l’effet d’une force surhumaine que la signorina contempla sans expirer cet effrayant spectacle ; mais l’usage de ses sens l’abandonna complètement lorsque, tournant la tête, elle reconnut… sa mère…, sa mère chérie, dont elle avait tant pleuré la mort.

Quand Annunziata revint à elle, elle se trouva dans son lit au milieu de ses sœurs,