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SOUVENIRS D’UN FANTÔME

d’abord, aux signes de la baguette, s’élevèrent de la terre une foule de météores rougeâtres, dont la pâleur éclaira les sombres mystères ; bientôt des fantômes hideux, de toutes formes, parurent et vinrent assiéger la barrière insurmontable pour eux. Leur voix grêle, leur triste parure portèrent une nouvelle crainte dans le cœur de Geoffroy. Edgar s’en aperçut ; alors tous ces esprits de deuil disparurent ; un buisson de roses prit leur place. Du milieu de ce buisson sortaient trois jeunes beautés, à demi nues ; leur sourire était gracieux : l’une tenait d’une main une coupe d’or remplie d’une liqueur vermeille ; un dard aigu rayonnait dans l’autre main : sur sa tête était posée une fraîche couronne de fleurs vermeilles. Son air était languissant, sa démarche incertaine : c’était la Volupté. À sa vue, Geoffroy frémit, se rappelant Rosa ; mais sa ter-