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SOUVENIRS D’UN FANTÔME

corte. Geoffroy, flatté des éloges que ne cessait de lui prodiguer la troupe menteuse et perfide, perdit toute idée de religion ; il ne vit que le pouvoir. Ce fut dans ces sentiments qu’il vit le char s’abattre dans une vaste prairie. Là, de nouveaux objets frappèrent ses regards, et leur bizarrerie devint pour lui un motif d’admiration. Ici, pêle-mêle, couchés, se livraient à toute l’extravagance de leur délire d’antiques sorcières à la peau ridée, au teint jaune, à la longue barbe ; plusieurs jeunes gens se prêtaient avec ardeur à leurs lourdes caresses. Dans un lieu plus reculé, un groupe malfaisant, sérieusement occupé de la composition d’un cruel maléfice, avait mis sur un feu ardent une vaste chaudière d’airain ; dans ses flancs bouillaient tout à la fois du sang d’un enfant de trois ans, nouvellement égorgé ; de l’écume de la lune, de l’eau de la mer : de