Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
319
souvenirs d’un fantôme

Joachim le mal-pendu, dont la prudence égalait le courage et la dextérité, jugea convenable de s’éloigner rapidement de cette contrée et d’aller si loin, que notre trace fût perdue. Nous marchâmes donc vers la Garonne à pas précipités, la traversâmes en face de Grisolles, tirâmes droit vers Fronton et Villemur, et longeant le Tarn, allâmes, à travers l’Albigeois et le pays Castrau, prendre position au centre de la montagne Noire, puis nous fuîmes vers les Cévennes, et ayant exploré le Vivarais, occupâmes pendant quelque temps la contrée située à la rive droite du Rhône. C’était si loin ; si loin de Grandselve, que je n’en ai plus entendu parler durant ma vie mortelle ; mais en revanche, depuis que je suis ici à attendre l’appel du dernier jugement, il m’est revenu que j’aurai à rendre compte de ce grand sacrilège, et ce compte franchement m’embarrassera.