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souvenirs d’un fantôme

teau, ou mieux encore dans le manoir d’un vilain marchand, de l’entendre hurler, lui et sa famille, pendant qu’on lui dérobe tout ce qu’il possède, qu’on viole ses filles devant lui et qu’on égorge tout le reste ! Oh ! les plaisantes grimaces que fait cette canaille ! comme elle pleure, prie, supplie ! et les coups qu’on lui donne, les blessures qu’on lui fait, le bien qu’on lui enlève ; jamais je ne rendrai tout le contentement que cela procure ; et puis les attaques au coin d’un bois, à main armée, le choc des combattants, les cris de guerre, les plaintes de ceux qui tombent, les chants de victoire et le butin dont le prix est doublé par le péril qu’on a couru pour l’obtenir ; tout cela fait venir l’eau à la bouche, et je m’étonne que tout le monde ne se fasse pas voleur, quand il y a de pareilles jouissances dans ce noble métier.