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souvenirs d’un fantôme

Il se passait d’étranges choses dans ma tête ; la fantaisie me venait parfois d’abandonner le métier, de me marier avec Annette et d’aller m’établir à Aix ou à Marseille : c’eut été folie complète ; mais est-on à la fois raisonnable et amoureux. J’aimais avec réserve, cela m’étonnait. Il y avait un mois que, chaque jour, nous nous retrouvions avec Annette. Un matin, j’arrivai à la fontaine à l’heure convenue, et je ne la rencontrai pas ; il survenait parfois des occupations à Annette qui la privaient de venir me trouver ; je retournai le même soir au lieu ordinaire de nos entrevues, et la jeune fille ne s’y montra pas davantage.

Que lui était-il avenu ? Je me sentais disposé à pousser ma course jusqu’à la demeure de sa tante ; mais mon devoir de bon voleur ne me le permit pas : nous avions, cette nuit-là, un coup de main à faire chez un riche ma-