Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

Monsieur, s’écria-t-il ; c’est donc comme cela que le père Hilarion t’a accommodé ? »

Il en fit cent gorges chaudes : les rustres ne ménagent pas les infortunés. Le lendemain matin, le palefrenier ne se montrant point, on l’appela, il se taisait ; on se mit à la recherche, et on le trouva étranglé dans son lit.

La terreur se répandit dans le château, nul ne douta que Monsieur n’eût immolé ce drôle, pour se venger de ses railleries : dès lors on prit en haine le lutin ; on se munit de reliques, de chapelets, d’eau bénite, et on le poursuivit à outrance. Quelques soirs après, un des fils du seigneur, enfant âgé de dix ans, très précoce et d’une beauté peu commune, se montra pâle et soucieux. Sa mère le questionna ; l’enfant, avec un torrent de larmes, finit par lui dire qu’il avait vu Monsieur, qu’il l’avait vu face à face, dans