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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

— Où vous avez dit que vous me suivriez.

— En enfer ! » s’écria-t-il en reculant d’un pas ; « que mon Seigneur Jésus-Christ et sa très sainte Mère me soient en aide ! »

» Et il fit le signe de notre rédemption. À cet acte pieux, tous ceux qui étaient là répondirent par des huées, des gaberies ; on l’appela nigaud, couard, hypocrite. On se mit à boire et à chanter des chansons obscènes. Le chevalier demeurait immobile en dehors de la porte ; l’inconnu, voyant qu’il se refusait à en franchir le seuil, revint à lui. « Chevalier, » dit-il, « tu perds une belle occasion de t’enrichir ; si tu eusses eu le courage de faire le tour de cette table et de trinquer avec ceux que tu y vois assis, toutes les richesses amoncelées dans ce château t’auraient appartenu. Mais, puisque tu crains de choquer le verre avec tes proches, il ne me reste qu’à te charger d’une commission.