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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

dame ; mais, privée de la fortune dont ses ancêtres avaient joui, il ne lui restait plus de sa splendeur passée que de faibles débris ; elle les soignait pour en faire l’héritage de sa fille unique, de la jeune et belle Rosamaure, proclamée d’un commun accord la fleur ou la perle de la contrée.

Rosamaure, dès ses plus jeunes ans, était célèbre par les rares qualités, par les charmes sans pareils répandus sur toute sa personne, par le parfait assemblage de toutes les vertus, de toutes les grâces, de tous les mérites ; elle ne sortait de sa modeste demeure que pour aller, suivie de sa mère pénitente, aux célébrations des sacrés mystères : là, par sa haute piété, elle se faisait remarquer encore ; et lorsqu’elle se prosternait avec ferveur au pied des autels, on eût cru voir un ange priant devant le trône du Créateur.

Une foule de soupirants ne tardèrent pas à