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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

tenir l’impétuosité de son désespoir ; mais, quand elle fut seule, elle se jeta à genoux, et, dans un transport de fureur inexprimable, elle jura de prendre une vengeance terrible de l’indigne trahison dont elle était la victime. Plus soulagée après cette résolution, elle acheva de dévorer ses larmes, et elle se promit de si bien cacher son projet, que nul ne pût en être témoin et n’eût les moyens d’y opposer les conseils de la raison ouïes obstacles de la prudence. Cependant elle brûlait de faire connaître à l’infame Renaud qu’elle était éclairée, et qu’elle pouvait apprécier toute l’étendue de son infortune. Elle redoutait que le monstre, ignorant ce qui s’était passé, ne cherchât à la revoir, et elle sentait qu’elle ne pourrait soutenir sa vue que dans l’instant où elle entreprendrait de le punir. Elle s’empressa donc de broder sur un morceau de canevas ces paroles : Je