Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

— Si elle sort, mère-grande, » répondit Sylvestre, « je m’en irai avec elle ; voyez-la, si jolie et malheureuse, abandonnée sans doute par ses parents ; elle n’à pour se vêtir que cette méchante chemise toute percée, et déjà les frimas découlent de ses blonds cheveux ? elle ne parle, ni n’entend, l’infortunée ! Seriezrvous satisfaite si, comme elle, comme à elle on me refusait l’hospitalité ? » Ces paroles dites avec entrainement et chaleur touchèrent Marthe ; elle s’assit en grommelant, mit du bois au feu et prenant à son tour l’enfant, la présenta à la flamme brillante dont la douce chaleur ne tarda pas à la ranimer.

L’enfant, en effet, ouvrit les yeux ; elle les avait noirs et tels que des escarboucles dont ils jetaient l’éclat ; sa bouche mignonne ressemblait à un bouton de rose et les roses aussi couvraient ses joues blanches comme la