Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

fide ; et, trouvant dans sa rage toujours croissante l’énergie nécessaire au crime dont elle allait se souiller, elle saisit le poignard, s’approcha du lit et, n’écoutant que sa vengeance, elle frappa Renaud par trois fois. Les coups ne furent pas portés par une main mal assurée ; chacun d’eux aurait suffi pour arracher à Renaud une vie qu’il avait souillée de condamnables excès ; et sans se réveiller, sans pouvoir prendre soin de son âme, des bras du sommeil il passa dans les horreurs de l’éternité. Ce forfait consommé, Alice, jetant sur sa fille un regard farouche, se demanda à elle-même s’il y en avait bien assez d’un crime. Elle jeta avec force la dague dont elle s’était servie pour le commettre, dans la crainte d’aller plus loin encore ; et se retirant à pas précipités, elle quitta la chambre, témoin de ce meurtre, pour aller ailleurs trouver le remords. Il ne