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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

et elle ne parlait de son ardeur qu’à l’heure où nul ne pouvait l’entendre. Elle se plaisait à répéter dans ces moments une romance composée par un célèbre trouvère de Picardie, Savary de Mauléon ; elle la chantait cachée dans l’épaisseur de la forêt, où souvent elle promenait, comme Olivier, ses mélancoliques rêveries. Un jour Marcilie, épanchant son ame par ses purs accents, se croyait seule dans le lieu qu’elle avait choisi : elle était loin de penser que l’objet de son affection secrète, Olivier, l’avait suivie et l’avait entendue. Le tendre damoisel ; toujours occupé de l’orpheline, l’ayant aperçue prenant la route de la forêt, y avait couru après elle ; et, s’approchant à la faveur d’un épais feuillage, il ne perdait pas une parole de la romance dont nous venons de parler. L’expression que Marcilie y avait mise lui fit augurer qu’elle éprouvait ce