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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

leste voûte se changeait insensiblement en une teinte à la fois sombre et rougeâtre, tandis que des nuages noirs s’élevaient pesamment à l’horizon : c’était du feu que l’on respirait. Sylvestre, regardant à l’entour, aperçut une grotte où souvent il s’était retiré avec sa jeune compagne, et où cette fois il la ramena, dans l’espérance d’y trouver quelque fraîcheur. Une mousse épaisse la tapissait, et dans un coin tombait avec murmure un léger filet d’eau ; à peine entraient-ils dans ce lieu de délices, qu’un éclair luisit et que la foudre gronda coup sur coup ; d’autres éclairs et d’autres coups de tonnerre se succédèrent ; une tempête s’éleva, terrible et majestueuse dans sa violence ; les échos, en la répétant, la rendaient plus terrible. L’orpheline épouvantée embrassait Sylvestre qui, pour la distraire, la comblait des plus tendres caresses ; chaque éclat de la foudre