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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

se rappeler qu’une puissance inconnue l’avait empêché de s’en servir ; et, dans l’ivresse fatale qui l’égarait, il oublia pareillement de quel sang ce fer était souillé. Comme il se livrait à cette pensée, une lueur blafarde éclaira la galerie ; Alice se rencontra à lui ; et ouvrant la porte de la salle où était la dague, elle fit signe à Raoul de venir se saisir de cet instrument de mort. L’infortuné damoisel, que tout l’enfer poursuivait, ne recula pas d’horreur à cette odieuse invitation ; il marcha précipitamment vers la chambre du meurtre, et, y entrant, la même voix que par deux fois il avait entendue lui répéta ce sinistre avertissement : N’y va pas ! n’y va pas !!! Mais qui eût pu-l’arrêter ? Enivré par sa passion, il ne pouvait plus écouter qu’elle ; l’apparition d’Alice, qu’il ne connaissait nullement, semblait lui donner une protection assurée, et alors il ne voulait voir