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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

moi, ma fille infortunée ; mes peuples et moi jouissons de grands avantages ; mais un nous manque : nous n’avons pas d’ame ; nous ne pouvons en obtenir une qu’avec l’union des enfants de la terre ; j’avais consenti à me séparer de ma fille chérie pour lui procurer ce bonheur ; je me préparais à élever mon gendre au dessus des souverains de tout ce monde terrestre, et l’ingrat l’a abandonnée à l’instant même où elle l’a rendu heureux ; je ne viens point réclamer sa pitié ou sa justice, je viens procéder à son châtiment et prendre une vengeance légitime. Ce déloyal et vil paysan, dont l’amour vient de faire un chevalier, c’est Sylvestre ; ce misérable n’a pas compris son bonheur.

Le prince souterrain, en achevant ces mots, frappa de sa longue lance le jeune aventurier et l’étendit roide mort sur le sable, avant que celui-ci pût se mettre en