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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

l’autre, mais le ferme paysan ne lâcha jamais prise, en déclarant qu’il ne lui rendrait la liberté que si Satan lui faisait pur cadeau de l’or qu’il avait devant lui dont il voulait la propriété jusqu’au plat. Le diable se débattit, cria, fit des menaces ; mais enfin il fut contraint, pour obtenir sa délivrance, d’entrer en arrangement. Il commença en effet par demander la liberté, et il finit par se contenter du moindre présent qui lui serait fait, tant il avait d’impatience de se débarrasser du piège dans lequel il était tombé.

Le paysan, bien rassuré par la parole solennelle du diable, que le trésor qu’il lui abandonnait ne s’évaporerait pas en fumée et ne deviendrait pas feuille de chêne, prit dans le plat un ducat rogné, et le jetant au milieu du chemin : « Tiens, méchant, » dit-il, « voilà le gain de ta journée, profites-en et me laisse en repos. » En même temps il