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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

qu’il ne se ressouvient plus de son mariage, infernal. Minuit sonne, les portes s’ouvrent avec fracas, et la voix des valets de chambre, se répétant de salle en salle, annonce la princesse Ortorinska. Qui est-elle ? se demandat-on ; tous l’ignorent. Elle entre : qu’elle est divine ! quelle riche parure ! quel goût exquis ! c’est une noble étrangère, elle vient de Paris, elle va à Rome : l’ambassadeur de Naples près la cour de Versailles la recommande au noble Grimani ; une lettre qu’elle présente au moins l’annonce. Mais Grimani seul voit de la réalité : cette femme que les fourrures, les riches étoffes, les diamants décorent, se montre à lui seul avec sa simple robe, sa couronne de roses blanches et son effrayante pâleur. C’est le fantôme qui le poursuit ; il le regarde avec des yeux éteints qui l’effraient, avec un horrible sourire, il rôde autour de lui, empoisonne pour