Page:Lamotte - L'éducation rationnelle de l'enfance, 1922.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Malheureusement, les colonies communistes ne sont pas nombreuses, leur réussite est difficultueuse et les petits camarades qui peuvent être élevés par des méthodes rationnelles sont une poignée. L'enseignement reste presque entièrement, aux mains de l'Église et de l'État qui en ont compris l'immense portée. Et ici, nous sommes conduits à insister sur ce point : quel est le rôle de l'enseignement de l’école ?

D'une façon absolument générale, le rôle de l’enseignement de l'école, de toute école, est de tuer l'originalité. La plupart des grands découvreurs et des grands originaux ont été rebutés par l'école. De nos jours, l’homme qui a inventé tous les instruments radiographiques et radiothérapiques, (ce qui suppose une immense documentation et les connaissances les plus variées) est absolument sans titres. Zola avait échoué an baccalauréat pour insuffisance en français ! Ainsi que Lamartine ! Il serait facile de multiplier des exemples aussi frappants établissant nettement que l'école et le génie sont irréconciliables…

Bornons-nous pour l'instant, à l'étude de l'enseignement primaire. À l'école primaire, il s’agit de fabriquer des esclaves perfectionnés, il est impossible de le nier. S'occupe-ton, en effet, de développer les merveilleuses facutés de l'enfant, son observation, son discernement, son imagination ? Jamais de la vie. On lui « apprend » le français, l'orthographe et la syntaxe qui sont absolument sans intérêt pour lui ; l'histoire qui dépasse sa portée et tend à fausser son sentiment, le calcul borné qui ne s'adresse qu'à la mémoire mécanique, comme la géographie, la récitation de pièces niaises, insipides ou à tendances abrutissantes, et la morale.

Remarquons en passant que l’uniformité des programmes se déroulant dans un ordre prévu d'avance, est l'aveu du but : fabriquer des individus uniformes, modelés sur