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Page:Lampryllos - La Mystification fatale, 1883.djvu/86

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Avant la reddition de Crescentius, le pape canonique Jean VII était déjà tombé aux mains des gens de l’usurpateur Grégoire V, qui lui coupèrent la langue et le nez ; puis, lui ayant crevé les yeux, le jetèrent dans une prison. Après le meurtre de Crescentius, Grégoire, non seulement approuva la conduite de ses vicaires, mais renchérissant sur leur férocité, il fit tirer Jean de la prison, et, dans cet état horrible de sa personne, avec le nez et la langue coupée et les yeux crevés, le fit revêtir des habits pontificaux, puis monté à rebours sur un âne dont il devait tenir la queue en guise de bride, il le fit promener dans les rues de Rome. Cependant ce vieux Jean XVI n’étant encore que simple prêtre sous le nom de Philagathe, avait tenu aux fonts baptismaux et l’empereur Othon et ce même Brunon son neveu. C’est cette qualité, qu’un autre moine grec, saint Nil,[1] accouru du fond des Calabres avant le second

  1. Je suis heureux de pouvoir citer, à l’appui de ces lignes, un auteur non suspecte aux papistes : Mr. François Lenormant.

    « C’est là (à Serperi) que se trouvait Nil, déjà presque nonagénaire, lorsque l’empereur Othon III fit sa seconde descente en Italie, pour rétablir le pape Grégoire V, en 998. Le patrice Crescentius avait chassé Grégoire de Rome, pour ne pas avoir un pape allemand, et tout en prenant lui-même le titre de consul, avait fait sacrer, sous le nom de Jean XV, Philagathe, évêque de Plaisance, qui était un grec de Rossano. Rentrés dans la ville éternelle, l’empereur et le pape, firent décapiter Crescentius, au mépris d’une capitulation formellement jurée. Quant à l’anti-pape (lisez : le pape Jean XVI), on le jeta en prison après lui avoir crevé les yeux, coupé le nez et la langue. Au bruit de ces cruautés, Nil quitta son mona-