Page:Lampryllos - La Séparation des deux éléments chrétien et musulman comme la solution la plus honnête et la plus praticable de la question d'Orient, 1868.djvu/27

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rieusement cette délimitation. Occupons-nous à présent de chacun de ces deux États, des conditions de leur existence respective, de ce qu’ils peuvent présenter de rassurant pour l’équilibre et la sécurité de l’Europe.

Je commence par l’État musulman, en Asie, parce que son établissement et son organisation présentent moins de complications intérieures que celui de l’Europe, qui offre matière à plus d’une remarque, à plus d’une objection. Ainsi l’esprit, reposé au plus vite en ce qui regarde l’État oriental, pourra donner plus d’attention à l’État qui doit se former du côté occidental.

Qu’on s’imagine donc la capitale de l’empire ottoman transférée sur les bords de l’Oronte, à Antioche, ou sur tout autre point au bord de cette rivière, mais rapprochée autant que possible du port d’Alexandrette ou de celui de Séleucie, et voyons le spectacle imposant qui se présente à l’esprit. De cette capitale, le chef de cet empire, placé au beau centre de ses États, bien propres à former un empire unitaire, pourra, sans aucune aide, ou à l’aide même de secours européens pour les premières années, devenir le maître réel de l’Égypte, le maître réel de l’Arabie, le maître réel du Kurdistan et du Diarbékir, au lieu du maître douteux, contesté, imaginaire qu’il en est actuellement. Dominant sur vingt millions d’habitants, s’il les sait bien gouverner, il deviendra le monarque d’une puissance respectable dans le concert européen pendant le premier demi-siècle de sa fondation. Elle pourra, avec le temps, devenir plus importante si on sait mettre à profit les immenses ressources, les