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conjurent. Une fois libre du côté de l’Europe, la Russie aurait accompli dans la Grande Asie une œuvre sans pareille dans l’histoire[1].

Mais pour tenir à la Russie le langage que nous avons indiqué et la placer sous l’étreinte du dilemme qui en résulte, il fallait qu’on n’entretînt pas soi-même des projets futurs sur l’Orient, et chacun avait les siens. Sous l’apparence de vouloir se sauvegarder de la prépondérance de l’influence russe en Orient, on n’aspire qu’à la remplacer par la sienne. L’écarter seulement ou en neutraliser les effets nuisibles serait la chose du monde la plus facile. Il aurait suffit de le vouloir sincèrement, et tout obstacle eût disparu. Mais on n’en veut pas : ce serait de la politique d’esprits bornés, de la politique à courte vue. On poursuit tout autre chose. On s’occupe d’évincer l’influence russe pour y implanter la sienne et la faire servir aux mêmes effets. La chose n’étant pas encore mûre, chacun se dit : « Laissons les choses traîner comme elles vont : attendons de meilleures circonstances pour nous mettre à l’œuvre. D’ailleurs, nous ne perdrons rien pour attendre. »

Il y avait longtemps qu’en observant bien attentivement la marche que suit la politique des puissances occidentales en Orient, nous avions conçu l’idée que nous venons d’émettre, lorsque dernière-

  1. Voyez sur ce sujet un article de M. Laveleye : L’Allemagne, etc., dans la Revue des Deux-Mondes du 1er août 1868, page 546. Voir encore une lettre adressée, en 1842, au grand-duc Constantin par son précepteur, M. Joukofski, que nous rencontrons, au moment même de mettre sous presse, dans l’Union du 18 septembre 1868.