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homestead et y passer l’hiver ; car tu n’ignores pas qu’il importe de faire chaque année au moins six mois de résidence et casser pas moins de 15 acres dans les trois ans requis pour obtenir la possession. Vois-tu, en supposant que la malchance s’acharnerait à nous ici, et si nous venions à perdre notre terre, il nous resterait notre homestead.

Flore était prête à tout, et il fallait tout tenter comme tout prévoir autant que possible.

Placide démolit planche à planche une vieille grainerie devenue inutilisable et alla bâtir une cabane sur son homestead. Une étable en perches de trembles fut rapidement élevée, et à la fin de novembre il s’en allait sur son homestead avec sa petite famille, ses vaches et quatre chevaux. Les quatre autres chevaux furent confiés au soin d’un voisin obligeant.

Tout l’hiver Placide rasa le bois, trembles et saules, afin de les faire brûler au printemps par les « feux courants ». Si les feux étaient bons et « chauds », il pourrait revenir à l’été suivant pour faire quelques acres de cassage.

Il arriva ainsi qu’il l’avait souhaité.

Sa ferme, en cet automne de 1912 donna une récolte satisfaisante. Il lui fut possible de payer ses taxes municipales, d’acquitter entièrement sa banque et de payer en plus mille dollars à M. Moore.

L’automne de 1913 apportait une récolte plus qu’à demi gâtée par une gelée trop hâtive ; tout de même M. Moore put recevoir une autre somme de mille dollars.

Placide, comme on pense, ne négligeait pas son homestead où il allait vivre chaque hiver. Dans l’été il s’y rendait passer deux ou trois semaines pour y faire du cassage. Aussi avait-il réussi à faire vingt acres de terre déjà. Pour obtenir le droit