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de a assez de misère à vivre sa vie dans ce pays, et alors il l’épargne !

Cela était dit simplement, sans penser plus et selon cette religiosité particulière aux êtres en contact permanent avec la Nature. Ignorant le déterminisme moderne qui défie la Divinité, cet humble Métis, enfant de la Prairie, proclamait à sa manière les droits de Dieu.

« Et moi, pendant que le bac glissait sur les flots, devant le spectacle grandiose que présentait le fleuve majestueux avec ses îles verdoyantes, dans la lumière de cette belle après-midi d’automne, j’eus un instant d’élévation et je pensai.

Ainsi, alors que la vieille Europe déshéritée de la foi, va chercher dans Ia poursuite de l’or un bonheur qui le fuit de plus en plus, ici tout un peuple continue de vivre paisiblement à l’abri des antiques croyances !

« Et malgré son obscurité relative, ce peuple se sent fort, parce qu’il a su, dans le bouleversement général des idées, garder précieusement la Loi Naturelle !

« Ce n’est pas en vain qu’il croit voir sur lui une égide protectrice ; le phénomène apparaît manifeste aux yeux des nations qui envient sa paix !

« Chez lui, pas de paupérisme, pas de luttes de classes, pas de revendications sociales !

« Chacun y a son lopin, et le salarié marche de pair avec le patron.

« Seulement, ce peuple, à la différence des autres, rend hommage !

« Et je me rappelle ce mot d’une Anglaise, dans la maison de laquelle j’avais dû m’arrêter lors d’un incident de voyage.