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travail se faire régulièrement par la méthode adoptée, j’avais fini par y prendre goût. Il m’était très agréable, en arrivant, chaque matin, de voir tout autour de moi les nombreux tas de perches que j’avais déjà accumulés, et bien allégrement je me remettais à la tâche ; il faut dire que pour lui enlever de sa monotonie, j’avais imaginé un système de « records », comme j’appelais ça, qui ne me stimulait pas peu.

« Ce système que j’ai continué à appliquer plus tard dans les champs, une fois mes cultures devenues importantes, consistait à régler mon travail sur le temps. Estimant que je pouvais couper, ébrancher et mettre en tas, tant de perches à l’heure, je prenais ma montre comme moniteur, et lorsqu’elle m’indiquait un déficit probable par suite d’un ralentissement d’activité, je mettais les « bouchées doubles » afin d’atteindre le « quorum » en temps voulu. Par ce moyen j’ai toujours, depuis, abattu beaucoup de besogne particulièrement dans les labeurs sans jamais beaucoup ressentir cette lassitude que donne la monotonie d’un travail mécanique.

«  À midi et demi j’allais dîner, et revenais une heure plus tard, pour quitter vers 4 heures ; à ce moment il fallait faire boire et rentrer chevaux et vaches ; en somme le train-train du fermier pendant l’hivernage ; ensuite, je sciais du bois.

«  Il va sans dire que cette saison-là je ne trappai guère les fourrures : (leur nombre avait d’ailleurs beaucoup diminué) je me contentai de quelques pièges placés sur ma route du bois, afin de ne pas perdre de temps. Un fermier qui veut s’installer ne peut guère chasser.

«  Les jours de mauvais temps, repos absolu, ce qui n’était pas pour nuire ; ces jours-là on ne voyait personne venir à la veillée — car souvent des « bachelors » installés dans les bois du Sud poussaient jus-