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AVANT-PROPOS

Je songe depuis vingt ans au livre que je publie aujourd’hui ; c’est-à-dire que pendant ce laps de temps j’ai recueilli avec soin tout ce qui pouvait avoir trait au but que je m’étais proposé. Je ne me flatte pas d’avoir épuisé mon sujet, je crois, au contraire, qu’on pourra encore, après moi, glaner fructueusement ; mais j’ai la satisfaction de pouvoir me dire que, sans espoir d’être jamais complet, j’ai fait néanmoins pour l’étre tous les efforts possibles. Ces efforts ont été grands, car le champ que j’avais à explorer est clair-seme de renseignements. L’histoire, en général, fait une maigre part aux architectes ; tandis que les faits et gestes des peintres et des sculpteurs sont relatés complaisamment, c’est à peine si les architectes sont gratifiés d’une mention presque toujours concise et sèche, dont le seul avantage est de les sauver de l’oubli. Et, chose digne de remarque, cette injustice, qui est de tous les temps, se montre plus criante encore de nos jours. Ene large part est faite à la critique des œuvres qui sont du domaine des arts et des lettres ; chaque lundi nos journaux consacrent une de leurs pages au compte rendu du moindre livre et de la plus insignifiante comédie, ils prodiguent leur publicité aux auteurs et aux acteurs des dernières comme des premières catégories, ils s’occupent asse ; souvent des musiciens, quelquefois des peintres et des sculpteurs : ils ne songent jamais aux architectes.’ Singulière anomalie ! le plus utile et le plus ancien des arts, celui dont les produits sont les plus grandioses et les plus durables, l’architecture, à qui l’on doit les magni-