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DES ARCHITECTES FRANÇAIS.

fit bâtir pour Mlle Contat, et que cette artiste habita jusqu’à l’époque de son mariage avec Parny. Lorsque les Bourbons revinrent en France pour la première fois, en 1814, Bélanger manifesta hautement son enthousiasme ; c’est lui qui fit exécuter en quelques jours, pour la rentrée de Louis XVIII, une statue équestre en plâtre de Henri IV, destinée à remplacer provisoirement celle en bronze qui avait été détruite. Le comte d’Artois, qui n’avait pas oublié son architecte, le nomma surintendant de ses bâtiments et lui fit donner la croix d’honneur. Bélanger a publié, en 1808, un travail ayant pour titre : Monument d’utilité publique, construction d’une halle aux vins[1] ». Il est aussi l’auteur d’une notice nécrologique sur

  1. Bélanger ne fut pas un génie, mais il a été, sous le règne de Louis XVI, un artiste fort à la mode. Sa liaison presque publique, et qui dura si longtemps, avec Sophie Arnould, ne paraît pas avoir nui à sa fortune ; j’inclinerais plutôt à croire que la faveur dont l’honora cette célébrité de l’art et de la galanterie dut être pour lui, à cette époque, une sorte de recommandation. Il faut dire, à la louange des deux amants, que la vieillesse, en changeant la nature de leur affection mutuelle, n’en diminua pas la vivacité ; quelques lettres de la grande artiste, publiées dans ces derniers temps par MM. de Goncourt, en donnent un témoignage irrécusable. Ces lettres, écrites de Luzarches, où Sophie s’était retirée pauvre et abandonnée, sont adressées pour la plupart à Bélanger et à sa femme (Mlle Dervieux, qu’il avait retrouvée dans les prisons de la Terreur, et qu’il épousa dès qu’ils furent libres tous deux). On retrouve encore, dans cette correspondance écrite au courant de la plume et parfois dans le déshabillé le plus complet, l’esprit devenu proverbial de la célèbre Arnould, mais il y règne surtout une bonhomie, une cordialité, touchantes, et cette bonne humeur, au milieu de l’infortune et de la douleur, qui atteste moins peut-être l’insouciance inaltérable de cette singulière femme que l’excellent naturel de son cœur. Bélanger, qui l’avait aidée bien des fois de sa bourse, comme le prouve cette correspondance, ne l’abandonna jamais ; je possède une lettre de lui datée du 11 messidor an X (30 juin 1802) qui en est une autre preuve. Cette lettre est adressée