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maistre des œuvres de machonnerie du roy nostre sire ou baillage de Rouen, et de ceste église, qui trespassa l’an de grâce mil ccccxl, le ve jour de Janvier. Priez. Dieu pour l’âme de lui[1]. » (Deville. Observ. — Rev. des arch.)


BERNEVAL (Colin de), fils d’Alexandre et son successeur comme architecte de l’église Saint-Ouen, de Rouen. Colin fut, à la date du 2 janvier 1440 (huit jours après la mort de son père), chargé de consolider les quatre piliers et de faire les voûtes du transsept resté inachevé. C’est à lui qu’on

  1. Cette belle tombe porte les effigies de deux architectes, l’un déjà vieux, l’autre encore jeune. Ils sont placés dans des niches surmontées de riches dais gothiques. La figure de gauche est celle d’Alexandre de Berneval, ainsi que le prouve l’inscription ci-dessus rapportée, et qui est gravée du même côté ; quant à celle de droite, elle est restée sans épitaphe. Le Père Pommeraye, dans son Histoire de l’Abbaye de Saint-Ouen, a donné de cette double sépulture l’explication la plus inattendue : selon lui, Berneval à qui l’on doit la rose méridionale du transept, aurait confié la conduite de la rose septentrionale à un de ses élèves, lequel, ayant eu plus de succès que son maître, aurait excité l’envie de ce dernier il un point tel qu’il aurait tué son élève. D’où il suit naturellement pour le P. Pommeraye que Berneval serait mort de la main du bourreau Bien d’absolument impossible jusque-là ; mais qu’ensuite les religieux de Saint-Ouen aient couché dans la même tombe, et dans une église, l’assassin et la victime, c’est ce que personne ne peut admettre. Au surplus, cette fable a fait son temps. Un document découvert il y a quelques années dans les archives de la Seine-Inférieure, et commenté par le savant professeur M. Jules Quicherat, explique d’une façon plus vraisemblable la présence du jeune compagnon dont la figure accompagne celle de Berncval : cette figure, on n’en peut pas douter, est celle de son fils Colin, qui lui succéda immédiatement et qui est le véritable auteur de cette fameuse rose du Nord, attribuée par le P. Pommeraye, dupe de quelque menteuse légende, à un élève qu’Alexandre eût sacrifié à sa féroce jalousie (Quicherat, Doc. inédits.)