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Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/19

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INTRODUCTION [1]

Tout entiers au métier des armes et aux seules industries dont l’exercice était commandé par les besoins de la vie matérielle, les laïques, pendant les premiers siècles de notre histoire, laissèrent forcement au clergé le soin de cultiver les sciences, les lettres et les arts. On sait que saint Benoît avait prescrit dans la règle de son ordre l’étude de l’architecture, de la peinture et de la sculpture. Les premiers architectes français furentdonedeséveques ou des moines [2]. Au surplus, quels édifices autres que ceux élevés par le clergé eussent pu alors donner lieu à l’intervention d’un artiste quelconque ? Les habitations des hommes n’etaient, dans ces temps reculés, que de simples abris d’une structure rudimentaire ; les palais mêmes des rois barbares, malgré les pompeuses descriptions qui en restent, ne devaient guère, en tant qu’architec-

  1. Cette introduction n’a d’autre prétention que d’être le résumé des faits consignés dans le cours de l’ouvrage ; c’est une sorte de résultante du Dictionnaire. Ce résumé constitue un essai d’histoire non de l’architecture ou des architectes, mais, — simplement et modestement, — de « l’Architecte ».
  2. Les architectes religieux ne dédaignaient même pas de travailler de leurs mains. Lors de la construction de l’abbaye du Bec, en 1033, le fondateur et le premier abbé de ce monastère, Herluin, tout grand seigneur normand qu’il était, prit part aux travaux comme un simple maçon, portant sur le dos la chaux, le sable et la pierre. Hugues, abbé de Selby, dans le Yorkshire, lorsqu’il reconstruisit les bâtiments de son abbaye, ne craignit pas de partager les labeurs des ouvriers. (A. Lenoir, Arch. monast.)