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XXIII
INTRODUCTION.

rauba ; ce qui, on le voit, constituait un traitement convenable. La somme accordée pour la « robe » était originairement les seuls honoraires attribués au maître de l’œuvre, en dehors de son salaire. On trouve souvent mentionnée cette « robe » dans les comptes du XIVe siècle ; mais quand le maître avait une certaine importance personnelle, comme Jean de Baveux, on ajoutait à cette sorte « d’indemnité de vêtement » une pension d un chilfrc et d’un ordre plus élevés. J. Alorge, qui construisit la porte Martinville à Rouen, en 1396, recevait un traitement annuel de 5,862 francs ; mais il n’est fait mention dans les comptes qui le concernent ni d’un salaire quotidien, ni de l’indemnité pour « robe ». Ces différences dans les chiffres des traitements à la même époque paraissent extraordinaires aujourd’hui qu’un architecte ne pèse pas plus qu’un autre dans la balance des honoraires, c’est-à-dire que tous les talents sont tarifés au même prix.

Pendant le XVe siècle, période de notre histoire qui fut traversée par de si graves événements politiques, les salaires paraissent s’être ressentis des malheurs du temps ; la journée de travail d’un architecte varie alors entre 6 fr. 68 c. et 13 fr. 26 c. Elle était, comme dans le siècle précédent, mieux payée à Dijon (12 fr. 78 c.) qu’à Sens et à Troyes. La pension annuelle subit à cette époque une réduction proportionnelle : 672 fr. 96 c. est le chiffre le plus élevé trouvé dans les anciens comptes : c’est celui du traitement de Jean Douterrains, architecte de la collegiale de Saint-Quentin. Cet artiste recevait en outre 6 fr. 68 c. et un pain par jour de travail. La plus faible pension fut celle d’Antoine Colas, architecte de la cathédrale de Troyes en 1474 : il ne lui était payé annuellement que 149 fr. 40 c. « pour le drap d’une robe[1] ». Toutefois, il faut ajouter que pendant ce siècle un grand nombre de chantiers ayant été, faute de ressources, condamnés à

  1. Cette robe d’Antoine Colas est, il me semble, la dernière qui soit mentionnée dans les anciens textes ; à la fin du XVe siècle ce présent de fin d’année paraît se confondre avec la pension proprement dite, laquelle se payait généralement par semestre.